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Airbags défectueux : "L'aspect financier a pris le pas sur la sécurité humaine", regrette l’avocat représentant les victimes et leurs proches

Publié : 8 janvier 2025 à 6h00 - Modifié : 8 janvier 2025 à 16h21 Mandy Vereecken

Airbags

« L’aspect financier a pris le pas sur la sécurité humaine, les motivations étaient strictement économiques », déplore Charles-Henri Coppet, avocat spécialisé en droit du dommage corporel, ce mercredi sur franceinfo. Il représente neuf victimes gravement blessées et sept familles de personnes décédées à la suite de l’explosion d’airbags défectueux. Ce même jour, le ministère des Transports a lancé une campagne pour sensibiliser les conducteurs aux rappels de véhicules liés à ces airbags dangereux.

Au moins 15 décès ont été causés par des airbags défectueux en France. Pourtant, dès 2016, des alertes internes concernant leur dangerosité avaient été émises au sein de Stellantis. Les constructeurs impliqués dans ce scandale sont nombreux : Stellantis (notamment la marque DS), Citroën, Volkswagen, BMW, Seat, Mazda, Toyota, Ford, Mercedes et Opel. Stéphane Cesareo, directeur de la communication de Citroën, a affirmé que les alertes avaient été prises en compte, tout en justifiant le retard par la complexité du remplacement des airbags Takata : "Il n'est pas possible de remplacer du jour au lendemain un modèle d’airbag par un autre, et arrêter une usine pour un an n’est pas envisageable".

Un délai de quatre ans s'est écoulé entre les premières alertes internes et les premières communications aux automobilistes. « Cette défense est accablante et constitue un aveu », réagit Me Coppet. « C’est purement scandaleux. Cela prouve que les intérêts économiques ont été privilégiés au détriment de la sécurité des citoyens », insiste l’avocat.

L’annonce d’une campagne gouvernementale pour informer les automobilistes concernés par les rappels (100 000 en outre-mer et 500 000 en métropole) est saluée par Me Coppet, mais il la juge « trop tardive et incomplète ». « Laisser aux entreprises privées le soin de décider comment et quand rappeler un produit est meurtrier », affirme-t-il.

L'avocat plaide pour davantage de moyens pour la justice, afin de permettre des enquêtes plus approfondies. « Il faut mettre fin à ces enquêtes fragmentées, menées territoire par territoire, par des juges sans ressources pour traiter ce véritable scandale financier », estime-t-il. Ses clients, dit-il, réclament avant tout à être entendus pour éviter de nouvelles victimes, déplorant l'absurde situation à laquelle ils ont été confrontés.