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La ville de Strasbourg approuve l'acquisition de plusieurs tiny houses pour loger des familles sans abri

Publié : 4 novembre 2024 à 6h00 - Modifié : 5 novembre 2024 à 15h57 par Mandy Vereecken

Les échanges ont été intenses ce lundi 4 novembre lors du conseil municipal de Strasbourg, alors qu’était abordée une question sensible : le financement d’un projet de tiny houses destiné à héberger des familles en grande précarité, dont les enfants sont scolarisés en ville. Ce projet, qui prévoit l'achat de cinq à sept mini-maisons pour être installées dans le quartier de la Robertsau, suscite des tensions depuis plusieurs mois. En effet, un collectif de riverains du terrain municipal pressenti pour cette installation s’oppose fermement à l’initiative, une position relayée par certains élus de l’opposition, créant une atmosphère tendue lors des débats.


Les critiques ont notamment ciblé le "manque de transparence" entourant le projet, avec des informations transmises aux élus quelques jours seulement avant le vote. Jean-Philippe Vetter (Union de la droite et du centre) a dénoncé la "méthode" employée par l'équipe municipale, évoquant un sentiment de "mépris envers les habitants", qui, selon lui, se sont sentis exclus de la prise de décision. De son côté, Pierre Jakubowicz a déploré avoir dû solliciter la commission d’accès aux documents administratifs pour obtenir des informations sur ce projet d’hébergement temporaire.


Bien que favorables au principe des tiny houses, Catherine Trautmann et Céline Geissmann (PS) ont exprimé leurs réserves quant au budget de près de 500 000 euros, qualifié de "peu ambitieux" pour des maisons sans sanitaires internes. Selon Trautmann, le projet manque de durabilité, car ces habitats devront être déplacés dès 2026 pour laisser place à un futur projet immobilier. Le terrain de la Carpe-Haute est en effet prévu pour accueillir des logements sociaux à cette échéance, comme l’a confirmé Syamak Agha Babaei, premier adjoint au maire en charge du budget.


Le collectif de riverains, qui avait initialement proposé de transformer l’espace en jardin familial, avait exprimé son opposition au projet dès juin dernier, lors d’un débat public en présence de la maire Jeanne Barseghian. Celle-ci, ainsi que son adjoint Marc Hoffsess, ont évoqué la teneur xénophobe de certains propos entendus, déplorant un climat "affligeant". Barseghian a par ailleurs cité des messages reçus dans lesquels certains résidents disaient craindre pour leur sécurité. "Ces propos n’ont pas leur place dans notre République", a-t-elle affirmé.


Alors que certains élus ont qualifié ce projet de "bricolage" ou de "coup de communication", la maire a réaffirmé sa vision, estimant qu’aucun quartier ne devait être exclu des politiques de solidarité. Elle a souligné l’urgence de la situation, rappelant que pour de nombreuses personnes, l’alternative restait la rue. Environ 800 à 900 personnes sont actuellement sans abri à Strasbourg, dont près de la moitié sont des familles avec enfants.


Le coût total de cette initiative s'élève à 480 000 euros, dont 280 000 euros pour l'achat des tiny houses d’au moins 22 m². Un mécène, le groupe KS, s'est engagé à contribuer à hauteur de 70 000 euros en échange d'une visibilité, tandis que les 200 000 euros restants serviront à aménager les mini-maisons, installer une clôture et un bloc sanitaire, et assurer le raccordement aux services essentiels. Lors du vote, 47 élus ont approuvé la convention de mécénat pour financer l'achat de ces tiny houses, tandis que 4 élus, dont Jean-Philippe Vetter, ont voté contre, et 8 se sont abstenus, parmi eux Rebecca Breitman (Modem), Pierre Jakubowicz (Horizons), ainsi que Catherine Trautmann et Céline Geissmann (PS).