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Les boulangers font face à une pénurie croissante de main-d'œuvre
Publié : 18 janvier 2025 à 6h00 - Modifié : 21 janvier 2025 à 15h57 Mandy Vereecken
Pour réussir une galette des Rois, il est essentiel de disposer d'ingrédients de qualité, mais aussi d'une équipe formée au savoir-faire nécessaire. Cependant, la pénurie de main-d'œuvre devient un problème croissant dans ce secteur. Matthieu Klaeyle, nouveau président de la Corporation des patrons boulangers-pâtissiers de l’arrondissement de Molsheim et du canton d’Obernai, a souligné cette difficulté lors du partage de la galette des Rois à Molsheim le 14 janvier.
Bien que ce problème ne soit pas récent, il persiste : « Notre secteur subit une grave pénurie de personnel », rappelle Matthieu Klaeyle, également boulanger-pâtissier à Mutzig. Il ajoute que cette situation engendre des tensions sur les salaires et augmente la charge de travail, devenant ainsi « la principale difficulté de gestion » pour les entreprises.
Franck Valentin, ancien propriétaire d'une boulangerie-pâtisserie à Zellwiller, en a fait l'expérience en fermant son établissement en avril dernier « en raison du manque de main-d'œuvre ». Il continue cependant de travailler dans son domaine en tant que salarié chez Luc Siegel à Still.
À Innenheim, Nicolas Wagentrutz, boulanger-pâtissier, constate également la rareté des candidats pour les stages et apprentissages. « Quand j’ai ouvert il y a quatre ans, j’avais une dizaine de stagiaires par an. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun apprenti ni stagiaire. Peut-être que cela changera avec le temps… » Le jeune entrepreneur de 29 ans recherche un apprenti en pâtisserie depuis octobre et peine à comprendre cette pénurie. « Il y a moins de boulangeries-pâtisseries, donc on devrait avoir plus de demandes d'emploi que d'offres. Pourtant, le métier a évolué avec de nouvelles machines et des conditions de travail bien meilleures qu’à l’époque où j’ai débuté. »
De son côté, Gaëtan Schaeffer, propriétaire de la maison Jost-Maurer à Dorlisheim, cherche à recruter cinq personnes pour divers postes, dont un boulanger et une pâtissière. Bien qu'il ait publié une annonce récemment sur les réseaux sociaux, il a déjà reçu plusieurs candidatures, une surprise étant donné la tension du marché du travail. Cependant, il reste réticent à l'idée de prendre des apprentis, principalement à cause des restrictions horaires imposées par l'inspection du travail, et des comportements qu’il observe chez certains jeunes. « Il faut leur apprendre tout le savoir-être », déclare-t-il. Malgré cela, il reste déterminé à investir dans la formation de ses futurs collaborateurs.
Enfin, les responsables du secteur notent un changement d’aspirations chez les salariés après la crise du Covid-19. Beaucoup ont découvert les avantages d’une meilleure qualité de vie, comme avoir des samedis libres et éviter les horaires matinaux. En réponse à cela, les boulangers-pâtissiers réajustent leurs pratiques, en augmentant les salaires et en adaptant leurs horaires d’ouverture.