Les Rapaces se sont emparés de Jebsheim

Les habitants de Jebsheim et des environs les attendaient depuis près de dix ans ! La dernière fois que les parachutistes du 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP) ont sauté dans les champs de blé entre Jebsheim et Artzenheim, c’était en 2017 puis en 2019. Le largage de ces soldats reste un événement marquant en Alsace, où ce type de manœuvre aérienne est bien moins courant que dans le sud-ouest de la France.

Ce vendredi, près de 180 sauts ont été réalisés par les parachutistes du 1er RCP. Un Casa de l’armée de l’air a effectué plusieurs rotations entre l’aérodrome de Colmar et la plaine alsacienne, larguant à chaque passage une vingtaine de parachutistes à 300 mètres d’altitude. La majorité des participants appartiennent à la 3e compagnie de combat, sous les ordres du capitaine Damien. Avant ce saut, les militaires avaient parcouru plus de 80 km lors d’un raid mémoriel, reliant Le Mesnil, dans les Vosges, à Widensolen.

Le chef de corps, le colonel Galvan, insiste sur l’importance symbolique de cet événement : « Nous avons besoin de venir ici. Évidemment, nous ne pouvons pas ressentir les épreuves vécues par nos anciens, mais marcher permet d’expérimenter la fatigue, le froid. Et ici, en Alsace, l’accueil chaleureux témoigne de l’importance qu’a eu le régiment lors de la Libération. »

Jebsheim occupe une place particulière dans l’histoire du 1er RCP. Lors des combats pour la réduction de la poche de Colmar, entre le 25 et le 30 janvier 1945, le régiment a subi de lourdes pertes face aux troupes d’élite allemandes : plus de 70 soldats tués et environ 170 blessés.

À l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de la commune, le régiment sera mis à l’honneur. Son drapeau recevra la croix de la valeur militaire avec palme, distinction remise par le général Danigo, commandant la 11e brigade parachutiste de Toulouse. Cette décoration salue les engagements du 1er RCP dans la bande sahélo-saharienne entre 2017 et 2022. « Il existe un parallèle fort entre les combats de 1945 et ceux menés au Mali », souligne le colonel Galvan.

En 2017, le régiment avait notamment mené une opération aéroportée nocturne au nord de Gao, au Mali, dans des conditions particulièrement difficiles. Lors de cette mission, un parachutiste a perdu la vie, devenant le dernier Rapace « mort pour la France ».

Le groupement de commandos parachutistes du 1er RCP, composé d’une trentaine de soldats, a également participé à l’opération. Vendredi, une partie d’entre eux a sauté au-dessus de Jebsheim à près de 4 000 mètres d’altitude. Parmi eux, un adjudant a accompagné en tandem le préfet du Haut-Rhin, Thierry Queffélec, ancien Saint-Cyrien et parachutiste. Pour le représentant de l’État, ce saut était une manière d’honorer ceux tombés il y a 80 ans. L’atterrissage a été parfaitement maîtrisé, le duo se posant précisément sur le marquage au sol prévu à cet effet.

Un autre commando a, quant à lui, sauté avec le drapeau régimentaire, qui a ensuite été déployé devant les autorités pour une photo souvenir, scellant ainsi cette journée chargée d’histoire et d’émotion.