PATRIMOINE | L'horloge astronomique de la Cathédrale se (re)dévoile !
Après deux mois de travaux à marche forcée, le buffet de la célèbre horloge retrouve son éclat d'antan. La DRAC a mené des opérations d'étude, d'entretien et de conservation sur le chef d'-uvre dont les parties les plus anciennes datent du XVIe siècle.
Publié : 4 mai 2021 à 10h20 par Pierre Maurer
Derrière la bâche, le monument est accessible au plus près pour les restaurateurs.
Crédit : PM/RDM
La bâche qui recouvre l'échafaudage vit ses derniers instants... Lundi, les touristes qui transitent par milliers chaque jour pour admirer le pilier des Anges pourront à nouveau voir en arrière-plan la célèbre horloge astronomique.
Cette dernière était cachée depuis la mi-septembre par un échafaudage de plus de 20 mètres de hauteur. A l'intérieur, des spécialistes triés sur le volet ont procédé durant deux mois à une foule de travaux de remise en état. Le budget est à la hauteur de l'enjeu : 175 000€, financé par le Ministère de la Culture et la DRAC Grand Est.
Un peu d'histoire
Construit à la fin du XVIe siècle et décoré par le peintre suisse Tobias Stimmer, le buffet a connu plusieurs transformations au fil de son histoire. La plus importante est celle menée au milieu du XIXe siècle par le mathématicien alsacien Jean-Baptiste Schwilgué. Ce dernier modifie en profondeur la mécanique tombée en panne lors des décennies précédentes, et également d'autres éléments (portraits, automates,...)
Lors de la seconde Guerre Mondiale, l'entreprise Ungerer (du père de l'illustrateur Tomi Ungerer) dépose la mécanique de l'horloge, les automates. Des planches protègent les parties restantes dont certaines sont endommagées par le bombardement de l'édifice en 1944.
Depuis cette date, aucun chantier d'ampleur n'avait été mené pour remettre en état l'horloge.
Des travaux de grande précision... et une horloge en mouvement
Un constat est dressé à l'été 2017 pour prendre la mesure des travaux à réaliser : plusieurs parties en bois ont été rongées par des vers, des sections de statuettes et d'automates se sont cassées, des moisissures sont apparues... Il faut agir sous peine de voir ces dégradations prendre de l'ampleur.
Une équipe multidisciplinaire est constituée pour mener ce chantier :- Aubert GÉRARD se charge du support bois et pierre de l'édifice,- Julie SUTTER s'occupe de tous les travaux relatifs à la couche picturale (peinture),- Ilona DUDZINSKI coordonne les éléments liés à l'archéologie du bâti,- Anne GÉRARD-BENDELÉ s'occupe de rénover les sculptures,
Pour rester dans le calendrier imparti, l'horloge n'est pas stoppée. Les artisans doivent donc réparer, refixer, peindre... tout en s'accoutumant du mouvement des automates qui continuent de marquer les quarts d'heures et les jours !
Louis-Napoléon Panel, conservateur des monuments historiques à la DRAC, insiste sur le fait "qu'il y a des parties qu'on a jamais vues en particulier dans la tour des poids. Les panneaux qui sont en hauteur, vers l'intérieur, sont pas visibles depuis le sol et ne sont pas accessibles".
Des surprises un peu partout
Le travail sur les automates a certainement été le plus minutieux. La remise en état, le dépoussiérage et le nettoyage des parties peintes a également nécessité des heures de gestes minutieux.
L’échafaudage enserrant le buffet a également permis de s’apercevoir de près que des parties que l'on pensait être en pierre étaient en réalité en bois !
Ces travaux doivent durer pour Louis-Napoléon Panel. "On espère compte cela en générations ! Cela va dépendre des conditions générales de conservation. On a choisi volontairement d'en faire peu (...) car c'est un chantier en conservation et pas en restauration. On ne va pas aller décaper les repeintes !" dit avec le sourire le conservateur.
L'état de référence retenu pour la rénovation est celui de 1843, lorsque l'horloge fut livrée par Schwilgué et définitivement réceptionnée. C'est donc ainsi que les visiteurs peuvent la retrouver et l'admirer...