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Ils conduisent une Tesla : « Le choix d’une voiture ne dépend pas de l’opinion que l’on a de son dirigeant. »
Publié : 14 février 2025 à 6h00 - Modifié : 14 février 2025 à 14h34 Mandy Vereecken
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Ce mardi après-midi, sous une pluie battante, un flot continu de berlines et SUV électriques se succède à la station de recharge rapide installée sur le parking du centre commercial Shopping Promenade, au nord de Strasbourg. Dotée de 16 bornes de 250 kW, cette infrastructure a été mise en place par Tesla Motors. Les propriétaires et utilisateurs de ces véhicules, venus faire le plein d’énergie, ne sont pas sans savoir que l’entreprise est dirigée par Elon Musk, l’un des hommes les plus fortunés du monde.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump le 20 janvier, qui a confié à Musk la direction du ministère de l’Efficacité gouvernementale, le milliardaire fait parler de lui par ses prises de position controversées. Son salut bras tendu, son ingérence dans la politique européenne, son soutien à l’extrême-droite allemande et sa volonté de réorganiser l’administration fédérale ne passent pas inaperçus. Pourtant, malgré ces polémiques, les conducteurs alsaciens de Tesla interrogés mardi n’envisagent pas de revendre leur véhicule.
Tous s’accordent à dire qu’ils font la distinction entre la marque et son dirigeant. « Ce qui m’importe avant tout, ce sont les performances de ma voiture : autonomie dépassant les 500 km, confort de conduite, technologie avancée et mises à jour régulières », explique Steeve, avocat strasbourgeois et propriétaire d’une Tesla Model S grande autonomie en location sur quatre ans, jusqu’en 2027.
Blend, 26 ans, chauffeur VTC, partage cet avis. « Peu importe ce que Musk peut dire ou faire, je choisis Tesla pour des raisons écologiques. L’entretien se limite aux pneus et l’amortissement est plus rapide que pour mon ancienne Toyota hybride », souligne-t-il. Il roule depuis un an avec une Model 3 d’occasion.
Thierry, chauffeur de taxi messin de 50 ans, renchérit : « On n’achète pas une voiture en fonction de son PDG. Musk a eu de bonnes idées, mais aujourd’hui, il dépasse certaines limites. Son alliance avec Trump me préoccupe. » Depuis deux ans, il loue une Tesla Model Y avec option d’achat.
D’autres propriétaires avouent ressentir un malaise. « Depuis que Musk a fait ce salut controversé, j’ai droit à des remarques au travail », confie une infirmière hospitalière de 36 ans, au volant de sa Model Y. « J’ai profité d’une offre de recharge gratuite pendant un an, mais cela ne signifie pas que j’adhère à ses idées. »
Julian, logisticien de 38 ans, tempère : « Lorsque j’ai acheté ma Tesla il y a trois mois, je savais que Musk soutenait Trump. Depuis, ils monopolisent l’actualité. Musk me semble maladroit, mais je ne le vois pas comme un danger. Il ne faut pas réduire une voiture à l’image de son patron. Certaines marques européennes ont elles aussi un passé discutable. »
Marion et Elliot, un couple de Drachenbronn-Birlenbach, font une distinction similaire : « Tesla et Musk, ce sont deux choses différentes. » Pourtant, Marion reconnaît son trouble : « Nous louons notre Tesla depuis fin décembre. Aujourd’hui, je réfléchirais davantage avant de signer. Certains pensent que nous soutenons Musk, et son salut nazi m’a interpellée. »
Thibaud Klein, dirigeant d’une entreprise d’éclairage public à Wingersheim, envisage quant à lui de changer de marque : « J’ai choisi Tesla par manque d’alternatives équivalentes chez les constructeurs français. Mais je n’ai pas apprécié l’intervention de Musk au meeting de l’AfD ni ses actions contre les fonctionnaires fédéraux. Dès la fin des contrats de location de mes deux berlines, je me tournerai vers une autre marque. »
Après une baisse de 36 % en 2024, Tesla enregistre un recul de 54 % de ses ventes en Alsace en janvier 2025 par rapport à l’année précédente. Dans le Haut-Rhin, les immatriculations ont chuté de moitié (17 véhicules vendus contre 34 en janvier 2024), tandis que le Bas-Rhin affiche une baisse de 57,4 % (26 immatriculations contre 61).
Sur l’ensemble de 2024, Tesla a vendu 1 848 véhicules en Alsace, soit un recul de 36 %, légèrement supérieur à la moyenne nationale (-35,42 %). Reste à savoir si cette tendance est due au renouvellement de la gamme ou aux prises de position d’Elon Musk, désormais membre de l’administration américaine et soutien affiché de l’AfD en Allemagne.
Dans un contexte où le marché automobile français a enregistré une baisse de 6,22 % en janvier, l’Alsace a, au contraire, connu une légère hausse de 2,45 %, avec 3 349 véhicules vendus contre 3 269 en janvier 2023. Toutefois, cette croissance masque de fortes disparités : les ventes ont progressé de 9,43 % dans le Bas-Rhin (+184 véhicules), tandis qu’elles ont reculé de 7,9 % dans le Haut-Rhin (-104 véhicules).
Tesla dispose de deux concessions en Alsace, situées à Hoenheim et Sausheim, et emploie une vingtaine de personnes.