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Le Pélican, un tremplin pour transformer sa vie

29 octobre 2024 à 6h00 - Modifié : 11h20 par Mandy Vereecken

ONG

Les spectateurs se sont rassemblés en nombre, chacun motivé par des raisons différentes : certains avaient vécu en Afghanistan dans les années 70, d’autres étaient admiratifs du parcours du couple fondateur, ou encore engagés par les valeurs de cette association, fondée il y a plus de vingt ans.

Les Colmariens Ariane et Jacques Hiriart, après la perte de leur jeune fils, ont entamé une quête spirituelle qui les a conduits, dès l’an 2000, à œuvrer en Afghanistan. Ils y ont fondé des écoles dans les quartiers les plus défavorisés de Kaboul, en particulier auprès de la communauté hazara, souvent marginalisée.

Le film de Frédéric Bellido et Nicolas Billet documente avec finesse le quotidien d’Ariane Hiriart de 2004 à 2022. À travers des scènes de classes, de cours de récréation et de repas, il témoigne des rires d’enfants heureux d’apprendre à lire, de la satisfaction des jeunes sourds qui découvrent la langue des signes, des larmes de mères soulagées de pouvoir scolariser leurs enfants, et de la joie des enfants handicapés mentaux ou physiques accueillis dans une école unique en son genre dans le pays.

La caméra de Nicolas Billet capture également les échanges entre Ariane et les talibans, revenus au pouvoir en août 2021. En 2022, ces derniers autorisent la réouverture des écoles fermées et pillées, sous condition de séparer filles et garçons et d’exclure les enseignantes, conformément aux restrictions interdisant aux femmes de travailler. Malgré ces règles, Ariane prend le risque de rouvrir les écoles avec le personnel féminin, limitant cependant les cours de coiffure et d’esthétique. « Un accord récent permet la présence des femmes employées, mais interdit la scolarisation des filles au-delà de 12 ans, qui prennent des risques si elles souhaitent continuer discrètement », explique Ariane. Un code d’alerte a été mis en place entre les gardes des écoles pour prévenir en cas de contrôle.

Les questions du public sur cette tolérance trouvent réponse dans l’influence économique de l’association : elle injecte 250 000 € par an dans l’économie locale, finance 54 emplois, nourrit 400 élèves et s’acquitte des taxes et loyers, contribuant ainsi à la stabilité de la communauté. Ariane, « guidée par sa foi et l’affection des habitants », vise à ce que « chaque enfant dépasse son simple statut d’élève ».

L’équipe pédagogique est fière des diplômes universitaires obtenus par leurs anciens élèves. Parmi eux, un ancien élève né sans bras, autrefois caché par sa famille, a appris à lire, écrire et parler anglais au Pélican. Il a ensuite remporté une médaille d’argent en natation aux Jeux olympiques de Paris et vit désormais aux États-Unis. « Il voulait réussir, et Le Pélican n’a été que son tremplin », comme il l’a été pour bien d’autres élèves de l’ONG.