CORONAVIRUS | Damien, restaurateur alsacien établi à New-York, subit également la crise sanitaire

C'est en décembre dernier que nous avions fait la connaissance de Damien, expatrié alsacien depuis 6 ans aux Etats-Unis, lors de nos reportages sur le marché de Noël alsacien de New-York. Nous avons pris de ses nouvelles en ces temps confinés. Alors que New-York est touché de plein fouet par le Covid-19, Damien tente de faire face avec son restaurant. Il nous raconte...

Publié : 4 mai 2021 à 11h06 par Pierre Maurer

DKL DREYECKLAND
Le restaurant de Damien est situé dans le quartier de Brooklyn à New-York
Crédit : PM/DKL

C'est par WhatsApp que nous avons convenu du rendez-vous avec Damien, rencontré en décembre dernier à l'occasion d'un reportage dans son restaurant de Union Street à Brooklyn. A l'époque, c'est avec le sourire qu'il nous avait ouvert les portes de La Cigogne. Via les réseaux, aujourd'hui, il ne cache pas son inquiétude. New-York est touchée de plein fouet depuis plusieurs semaines par l'épidémie de Covid-19. La maladie s'est propagée à une vitesse fulgurante... et comme en France, cela affecte tout un chacun.

Depuis un mois, Damien a pris l'habitude de travailler différemment. Les choses se sont corsées au moment où en France le Gouvernement plaçait la population sous confinement.

"Ici, tout a commencé mi-mars avec une requête formulée par le Gouverneur de la ville. Il a demandé à ce que le taux d'occupation maximum des restaurants soit de 50%. On a tourné au ralenti à partir de cette période là, surtout lors du week-end qui a suivi l'annonce..."

Dès lors, impossible de faire fonctionner son affaire comme en temps normal. La clientièle de Damien est largement composée d'habitués. Il a donc fallu recentrer ses priorités et innover en proposant des produits et formules adaptés aux familles notamment.

"On a dû s'adapter à cette nouvelle interdiction et proposer, par conséquent, des plats à emporter aux clients. La vente à emporter (le "delivery") est une habitude aux Etats-Unis, mais on a tout de même dû s'adapter en créant des "specials". Ils s'agit de menus qui permettent à une famille de quatre de manger...
On a créé un autre menu avec des prix plus abordables. On vend aussi de l'alcool à emporter, cela a été autorisé... mais malgré cela, c'est difficile. D'ordinaire, la vente à emporter représente 10% du chiffre d'affaire et dans le contexte actuel, ça n'est pas suffisant pour nous et assurer la pérennité de l'activité."

Malgré la modification apportée à son organisation, Damien peine à atteindre son chiffre. Et ce n'est pas faute de tester différents aspects pour optimiser ses ventes

"La charge de travail est 10 fois plus importante avec cette organisation (...) malgré le changement des heures d'ouverture. Il faut aller faire les courses, faire la mise en place, préparer, assurer le nettoyage... On s'adapte, on se donne à fond mais on se demande comment on va réussir à tenir"

Même s'il n'habite pas à proximité directe du restaurant, Damien voit cette ville qu'il aime tant d'un oeil totalement nouveau... Connue pour être une ville qui ne dort jamais, New-York s'affiche sur les images qui nous parviennent comme une cité déserte, fantomatique presque. Damien nous le confirme

"La ville tourne complètement au ralenti. Nous, on se situe dans un quartier résidentiel et la communauté s'est rapidement adaptée et organisée. Par contre, le confinement est pas aussi strict qu'en France : les gens ont encore le droit de sortir. Du coup, on espère que cela va nous profiter. C'est délicat. On vit au jour le jour !"

Economiquement, on comprend que c'est très tendu. Mais Damien veut rester "droit dans ses bottes" et affronte la tempête comme beaucoup de ses collègues... à une exception près

"Faire une cagnotte pour récolter des fonds ? Moi je ne souhaite pas le faire. Même si je perds de l'argent et je ne me verse pas de salaire, l'idée de demander de l'argent aux gens qui eux-mêmes sont peut-être dans la même situation... Tout ça me paraît aberrant ! Je préfère tout donner, tenter les choses par moi-même quitte à fermer le restaurant et ne pas me sentir redevable par la suite. (...) On espère que le Gouvernement va mettre en place des aides pour les petites entreprises. Il y a eu quelques annonces mais on n'a rien vu de concret. On attend..."

Cette année 2020, notre restaurateur alsacien expatrié l'avait vue de manière bien différente...

"On avait prévu de fêter le sixième anniversaire de la Cigogne le 6 juin, cela a tout mis entre parenthèses. Chaque jour est différent, parfois on fait de bonnes soirées, parfois des moyennes, parfois de très mauvaises. On perd énormément d'argent car le loyer du restaurant, lui, est inchangé."