STRASBOURG | Des containers maritimes transformés en musées : le concept de l'Atelier Pandore
Deux expositions originales sont présentées à compter de cette fin de semaine à Strasbourg, dans les quartiers de Koenigshoffen et Neudorf. Leur originalité : se tenir dans des containers transformés et installés au c-ur des quartiers grâce à un jeune archéologue entrepreneur.
Publié : 4 mai 2021 à 11h20 par Pierre Maurer ⬢ Mis à jour le 16 septembre 2020 à 15h43
On a l'habitude de les voir empilés au pied des gigantesques portiques du Port Autonome de Strasbourg ou en bord de mer... mais aujourd'hui, les containers maritimes sont détournés de leur usage initial par certains. Après les maisons en containers, les cités universitaires, place aux musées !
C'est le projet développé par un jeune strasbourgeois : Anatole Boule. Il est archéologue de formation, mais sa curiosité et son goût pour la démocratisation de la culture et de l'art l'ont poussé sur un chemin quelque peu éloigné des chantiers de fouille !
Depuis deux ans, il est à la tête de l'Atelier Pandore. Installé au Port du Rhin, cette structure s'est fait une spécialité dans l'achat de containers maritimes puis dans leur transformation en lieu d’exposition.
Des boîtes « vitrine » ou « musée »
« A la base, il y a véritablement une volonté de démocratiser la culture avec un regard contemporain » reconnaît Anatole. Ce postulat, il décide de le rendre concret en lançant son activité d'achat et transformation de boîtes. Une fois acquis, le container est nettoyé, remis en état et transformé pour répondre au cahier des charges du commanditaire.
Achetée quelques milliers d'euros, la boîte d'acier en vaut plus de 75000 lorsqu'elle sort entièrement transformée des ateliers strasbourgeois, basés au Port du Rhin. Installation de l'air conditionné, de l'électricité, de l'éclairage, des structures d’expositions et de toute la scénographie... Une dizaine de corps de métiers différents sont mobilisés pour rendre cette métamorphose possible.
A Koenigshoffen, pour l'exposition qui démarre vendredi, Anatole a réalisé une « boîte musée » à vocation entièrement pédagogique. Elle initie le public aux rituels romains post-mortem, sur le site même de l'ancienne nécropole bâtie au premier siècle de notre ère. Il a rajouté devant le container « un grand auvent, comme un toit en forme de "L" qui vient au-dessus et devant la façade principale. Il est ajouré, ce qui permet de voir ce qui se passe à travers. »
Anatole joue beaucoup avec les formes et la lumière pour rendre l'espace attrayant. « Une large part d'espace scénographique est consacrée à la lumière, derrière cette grande baie vitrée. Cela attire le regard ! »
Une boîte ne remplacera pas un musée
« Notre philosophie, c'est de mettre à disposition un outil pour un musée ou un porteur de projet » rassure Anatole. « C'est le musée qui décide [avec le container, ndlr] d'aller à tel ou tel endroit pour telle ou telle raison, et en s'adressant à un type de public spécifique avec les bons mots, les bons codes, etc. »
La boîte présentée à Koenigshoffen est encore un prototype, qui permettra de « tester tout un tas d'idées et d'hypothèses (…) pour voir comment on continuera à produire ce modèle-là pour envoyer des containers en Alsace, dans le Grand Est et à l'international ».
Un outil de lien artistique et social
L'an dernier, l'Atelier Pandore avait pu tester une première fois son invention grâce une exposition d'essai. Cela a permis à Anatole d'échanger avec le public. « On a été surpris par l'effet de levier que cela a pu amener pour la vie dans le quartier » reconnaît-il. « Évidemment, ce sont des systèmes d'expositions locaux qui sont conçus pour être en lien avec ce qui se passe dans le quartier d'un point de vue social ».
A Koenigshoffen, les passants qui ont jeté un œil derrière la palissade entourant encore pour quelques jours le container reconnaissent l’originalité du procédé... et une forme de réappropriation de l'art et de l'archéologie.
« Post Mortem » « Dans l’œil d'Hérodote » |