L'actualité nationale, régionale et locale

Pourquoi le kachelofe, ce poêle traditionnel alsacien, connaît un regain de popularité ?

31 octobre 2024 à 6h00 - Modifié : 31 octobre 2024 à 14h14 par Mandy Vereecken

Kachelofe

Beaucoup d'entre vous ressentent de l'inquiétude en regardant vos factures de gaz et d'électricité, en constante augmentation. Face à cela, certains cherchent des alternatives, favorisant ainsi le retour en vogue d'un ancien système de chauffage en Alsace : le kachelofe, un poêle en faïence qui avait presque disparu des foyers.

"Ce poêle existe dans notre région depuis le VIIe siècle", explique Sébastien Koehler, gérant de l'Artisan du Poêle à Sélestat, en se basant sur des tessons analysés au carbone 14.

L'installation d'un kachelofe est plus coûteuse qu'un poêle moderne, avec un prix se chiffrant en milliers d'euros et un temps de pose de deux à trois semaines. Cependant, comme le souligne Raphaël Bapst, représentant de la troisième génération de poêliers à Kilstett, "ces poêles valent l'investissement à long terme, car ils peuvent fonctionner jusqu'à 50 ans sans électricité ni problèmes mécaniques. De plus, ils sont fabriqués localement, avec des briques d'Alsace et de la faïence d'Allemagne."

Ce retour à la tradition séduit des familles, comme celle d’un père qui vient d'acquérir un poêle pour sa maison. "C'est un choix de cœur, en cohérence avec notre maison alsacienne héritée de mon père. Autrefois, on faisait comme ça, et il paraît que les rendements de ce type de chauffage sont excellents et très confortables."

Raphaël Bapst confirme l'efficacité de ces poêles : "Une fois la combustion terminée, on bénéficie d'environ 12 heures d'inertie, ce qui permet à la chaleur de continuer à diffuser par rayonnement. C'est une chaleur douce et agréable."

La demande pour ces poêles est telle que son entreprise reçoit deux à trois requêtes par jour, au point de ne pas pouvoir toutes les satisfaire.

Cependant, la question des particules fines issues de la combustion du bois reste préoccupante. "Nous travaillons sur un filtre à particules", précise Sébastien Koehler. Malgré cela, ces poêles, en pierre et en terre, permettent une combustion à haute température, ce qui réduit significativement les particules libérées.

Des collectifs de médecins et d'écologistes alertent sur les dangers de la combustion du bois. Le collectif Strasbourg Respire, par exemple, souligne que "les particules et gaz émis contiennent des métaux lourds et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont cancérigènes et perturbateurs endocriniens."

À Strasbourg, le chauffage au bois représenterait 70 % des émissions de particules fines. De plus, l'exploitation forestière pour alimenter ces chauffages pose problème, certaines forêts n'arrivant plus à absorber de CO2 et en émettant même.

Des villes comme Londres ont décidé d'interdire les poêles à bois dans les nouvelles constructions, tandis qu'Utrecht, aux Pays-Bas, prévoit d'interdire tous les chauffages au bois d'ici 2030.