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DKL dans les coulisses de l'EFS : découvrez le parcours des poches de sang une fois collectées
On vous fait découvrir toutes les étapes nécessaires à la préparation des produits sanguins avant qu'ils ne soient délivrés aux personnes qui en on besoin.Visite dans les coulisses du siège strasbourgeois de l'EFS où convergent tous ces dons.
Publié : 16 juin 2021 à 17h23 - Modifié : 25 juin 2021 à 11h15 par Pierre Maurer
Au sein du laboratoire de conditionnement des produits sanguins de l'EFS à Strasbourg
Crédit : PM/DKL
Jusqu'à la fin du mois de juin, DKL s'est associé à l’Établissement Français du Sang pour promouvoir le don. Que cela soit le sang, les plaquettes ou le plasma : c'est l'EFS qui s'occupe du prélèvement, du conditionnement de la mise à disposition des produits sanguins.
« Tout le monde vient donner tel qu'il est ! » martèle avec le sourire le Dr Sophie Reuter dans son bureau de l'EFS à Strasbourg. La responsable des prélèvements dans le Bas-Rhin a fort à faire actuellement, alors que les stocks de produits sanguins sont dangereusement bas depuis plusieurs mois. Cette carence est imputable à plusieurs éléments : la crise sanitaire a provoqué l'annulation de bon nombre de collectes dont il est difficile ensuite de « rattraper » les conséquences. Les donneurs viennent aussi moins souvent. Enfin, le nombre d'opérations est reparti à la hausse dans les hôpitaux, à la faveur de l'amélioration de la situation sur le front de la Covid-19.
« Idéalement, si tous les donneurs qui figurent dans notre base donnaient 2 à 3 fois par an, on serait serein et il n'y aurait aucun problème de stocks ! » reconnaît la gestionnaire, qui reste néanmoins optimiste quant aux prochains jours. Les collectes hors les villes montrent que les associations et amicales de donneurs sont actifs et contribuent à consolider les stocks. « Dans les campagnes, l'indice de générosité est plus grand que dans les métropoles. C'est probablement lié avec les modes de vie mais surtout que l'on est en proximité avec ces associations qui connaissent leurs donneurs et sont proches d'eux ! » précise le Dr Reuter
On l'a compris, le temps presse pour donner. L'été est – traditionnellement – une période où les donneurs sont moins nombreux. Si ce phénomène venait à se superposer au bas niveau des stocks, la situation deviendrait préoccupante.
Après la collecte, la course contre la montre débute
Aussi, nous décidons de voir comment se passe « l'après-collecte », c'est-à-dire de découvrir ce que devient la poche de sang une fois qu'elle a été prélevée. Direction pour cela le rez-de-chaussée du bâtiment de la rue Spielmann. Dans ce vaste plateau technique, des bureaux côtoient un immense laboratoire où son réceptionnés les poches de sang. « On est ici dans le sas des matières premières » annonce énergiquement Delphine Haas. Dans sa blouse blanche, elle parcourt au pas de course les allées et passe d'une paillasse à l'autre, où où sont progressivement déposées les poches contenues dans des caisses en polystyrène bleu. « Ces caisses permettent de conserver le sang à température ambiante, à partir du moment où il arrive jusqu'à sa prise en charge » indique Delphine qui, en pianotant sur l'ordinateur, regarde d'où arrivent les prélèvements.
Le tri des poches mobilise plusieurs techniciens de laboratoire. Ils s'assurent de la provenance des éléments et éditent ensuite les informations nécessaires au suivi de chaque don. A chaque étape de cette chaîne, les vérifications s'enchaînent pour s'assurer de la qualité et de la sécurité de chaque don.
Du "sang total" au sous-produits sanguins
Une fois ces contrôles réalisés, les poches stériles sont pliées, regroupées et insérées dans des paniers en plastique qui prennent place dans une centrifugeuse. « Cette étape est indispensable pour réaliser la séparation du sang total [tel que prélevé sur le donneur, ndlr] en sous- produits (écoutez le son ci-dessous). Après un cycle d'un quart d'heure à 4000 tours/minute, les poches ressortent et on observe la séparation physique des éléments : les globules rouge (plus lourds) demeurent au fond de la poche. En haut, c'est le plasma qui subsiste. Au milieu, on distingue a couche leuco-plaquettaire avec ses globules blancs
Titre :INTERVIEW | Le rôle de la centrifugeuse dans la séparation des sous-produits sanguins (D. Haas)
Chacun de ces sous-produits sera ensuite contrôlé une nouvelle fois, extrait – toujours de manière stérile – et conditionné pour pouvoir ensuite passer de l'autre côté du laboratoire, au niveau du stock de délivrance, dernière étape avant le départ vers les hôpitaux... et donc les patients.
Plasma, concentré de globules et couche leuco-plaquettaire
Le plasma, une fois reconditionné dans des poches spécifiques, est surgelé à -80°c dans une unité spéciale et ensuite conservé -40°C pendant 3 ans. C'est le produit qui a le plus long cycle de conservation.
Le concentré globule rouge (le plus connu) rejoint lui aussi des frigos pour y être stocké à 4°C. Au préalable, toute une série de tests aura été réalisée afin de déterminer avec exactitude le groupe sanguin.
Enfin, la couche leuco-plaquettaire sert à fabriquer des mélanges plaquettaires, stockés eux-aussi dans des poches. Ce sont les éléments les plus fragiles : ils doivent être conservés à une température proche de la vingtaine de degrés, au sein d'une armoire dont les tiroirs réalises des oscillations latérales. Ce mouvement permet à la matière vivante de continuer à exister et de ne pas se détruire.
« Chaque produit répond à un besoin du malade, c'est la magie du corps humain » conclut avec le sourire Delphine Hass
Une logistique à toute épreuve, 24h/24 et chaque jour de l'année !
Une fois sortis de ce service, les produits sont stockés au sein de vaste chambres froides. C'est là le « cœur du réacteur » en quelque sorte de l'EFS. Lors de notre visite, nous avons pu constater des étagères partiellement vides, signe bien tangible que ces stocks – jusqu'alors très virtuels – étaient en effet bien maigres.
C'est le docteur Catherine Humbrecht, médecin hématologue, qui est en charge de la délivrance des produits sanguins à l'EFS du Grand Est. « Une fois sortis du stocks, les produits vont être transportés sur les différents sites de délivrance. Une majorité d'entre eux dépendent de l'EFS : 80% des produits sanguins en France sont dispensés par ce type de centre. Pour les 20% restants, cela se fait directement sur des sites au sein des hôpitaux » comme dans les maternités où des stocks de chaque groupe sanguin existent, afin d'anticiper tout besoin rapide en sang.
A Strasbourg, à l'angle de la rue Spielmann et de la rue de la Porte de l’Hôpital se situe le guichet de délivrance de l'EFS. Dans l'arrière salle de ce guichet (qui jouxte le laboratoire visité précédemment) sont installés de larges armoires, réfrigérateurs et autres bains-marie nécessaires au stockage et à la préparation des produits qui vont être délivrés.
« Nous recevons les demandes via ces deux télécopieurs » s'amuse le Dr Humbrecht en remarquant notre étonnement... Selon elle, cette voie de transmission des informations est jugée plus sûre que les mails et autres appels téléphoniques. Une fois la commande reçue, les produits sont sortis du stocks, préparés et conditionnés par les technicien de laboratoire. En cas de manque d'une référence, la gestion centralisée des stocks de sang en France permet de rediriger la demande vers un autre site. « Nous disposons d'un stock-cible qui dépend de l'activité hospitalière des villes. Nous le régulons en permanence, chaque jour mais aussi de manière hebdomadaire et mensuelle, pour s'assurer de disposer de tous les produits en permanence » précise Catherine Humbrecht.
Le Dr Humbrecht s'assure du bon conditionnement des plaquettes dans les poches
Crédit : PM/DKL
L'activité du guichet de l'EFS à Strasbourg demeure soutenue. « Près de 60000 produits sanguins sortent de ce site à l'année. Par jour, cela représente près de 200 de patients transfusés » reconnaît le Dr Humbrecht, tout en précisant que « les besoins sont très variables d'un patient à l'autre ».
En France, le don du sang est libre et ne peut être réalisé contre une rémunération. C'est une des pierres de voûte du dispositif de don assure le Dr Humbrecht. « Notre modèle économique prévoit un équilibre. Certes, le don de sang n'est pas rémunéré mais pour pouvoir financer notre système [la collecte, le personnel, les laboratoires... ndlr], l'EFS va ensuite facturer aux hôpitaux chaque produit sanguin selon des tarifs fixés par le ministère de la Santé. »
Cet élan de générosité demeure, mais il a besoin d'un sérieux coup de pouce actuellement, afin de permettre à cette chaîne de solidarité et de santé de ne pas se retrouver brisée par un manque de produits. Pensez-y cet été, lorsque vous découvrirez qu'une collecte se tient sur votre lieu de vacances ou tout simplement dans votre commune.
Découvrez le reportage réalisé dans le cadre de cette visite par Pierre Maurer, diffusé dans le journal du mercredi 16 juin.
Titre :REPORTAGE | Dans les coulisses de l'EFS à Strasbourg pour suivre le parcours de la poche de sang