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Il y a une certaine exagération dans le « royaume du Bollwerk »

6 octobre 2024 à 6h00 - Modifié : 9 octobre 2024 à 15h05 par Mandy Vereecken

Michèle Lutz est toujours en colère. Cela fait trois semaines que la crise, déjà ancienne, au sein de sa majorité municipale est exposée au grand jour (cf. les « chuchotements » du 29 septembre). La maire de Mulhouse enchaîne les déclarations percutantes, accompagnées de références littéraires marquantes. Le désir d’émancipation de huit élus centristes de sa majorité ? Elle le qualifie de « coup de poignard dans le dos », digne du Iago de Shakespeare, un acte qu’elle considère comme un crime de lèse-majesté, pour lequel les exclusions et les retraits de délégations apparaissent comme des sanctions encore trop légères. Lorsqu’on atteint de tels sommets, c’est le signe qu’il y a un problème en mairie.


La plupart des élus de la majorité se sentent « orphelins » de Jean Rottner, sans oser l’admettre. Ils ne discutent plus qu’en surface. « Michèle Lutz compense son manque de compétences par son autoritarisme », déclare l’un des exclus. Est-ce simplement le discours d’un aigri ? Pas nécessairement. « Il est vrai que nos échanges internes sont devenus très pauvres », reconnaît un membre toujours en fonction, sous couvert d’anonymat. « Jean Rottner avait ses défauts, mais même en fin de parcours, il garantissait un minimum de débat au sein de l’équipe. »


Depuis son retrait inattendu de la vie politique en décembre 2022, il manque la lubrification qu’apportait Jean Rottner aux rouages.


Au lieu de célébrer l'événement, le discours d'ouverture des traditionnelles « Journées d'octobre » prononcé par Michèle Lutz jeudi soir au parc-expo de la ville a rapidement pris la forme d'un réquisitoire vindicatif et vengeur (« Le respect des idées, oui, mais pas celui des faussaires, des arrivistes et des calomniateurs »). Cela a surpris une grande partie de l’audience, y compris des personnalités telles que le président du conseil régional du Grand Est, Franck Leroy, le président de Mulhouse Alsace agglomération, Fabian Jordan, et le préfet du Haut-Rhin, Thierry Queffélec, tandis que les membres de l'exécutif municipal assistaient, inquiets, au premier rang. En revanche, l'opposition trouve le spectacle captivant. Michèle Lutz pourrait bientôt recevoir des rappels… mais probablement pas dans les urnes.


Christelle Ritz, à la tête de la petite section locale du Rassemblement national (RN), observe avec plaisir la poursuite des disputes internes. En effet, l’extrême droite se renforce toujours lorsque la situation se détériore. L'opposant écologiste Loïc Minery, avec sa barbe poivre et sel, sourit également, même s'il ne se rase pas. Au centre, les huit exclus tentent de se remettre, tandis que leurs « cousins » macronistes du groupe « M Mulhouse » envisagent déjà l’élection de 2026. Lara Million sera-t-elle de nouveau leur candidate ? Une seule certitude : la vice-présidente de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), bien qu’en retrait depuis 2020, n’a jamais perdu de vue la ville du Bollwerk. Une nouvelle tragédie shakespearienne en perspective ? Non, juste une échéance électorale… Pour l’instant, beaucoup de bruit pour rien.