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Strasbourg : une nouvelle technique d'effarouchement des corbeaux testée à Strasbourg
Ce dispositif expérimental, mené par la Ville et le CNRS, vise à éloigner les corbeaux des habitations en diffusant des "bruits biologiques". Une première en France.
23 février 2022 à 7h08 - Modifié : 23 février 2022 à 15h29 par Pierre Maurer
Ne soyez pas étonné de découvrir, ces prochaines semaines, des étudiant(e)s promenant une enceinte pointée vers la cime des arbres du quartier de Cronenbourg en diffusant des cris d'oiseaux... Il ne s'agit pas d'une technique vaudoue pour éloigner les nuages mais d'une expérience menée par Valérie Dufour, une chercheuse du CNRS, qui teste un nouveau protocole d'éloignement des oiseaux pour le compte de la Ville de Strasbourg.
Des corbeaux particulièrement bruyants
Au bout de la route de Mittelhausbergen, les alignements d'arbres sont propices à l'installation de nombreux corbeaux freux. Les femelles de cette espèce sont particulièrement expressives pour faire comprendre au mâle qu'elles ont faim... Ce sont ces cris stridents qui sont les plus dérangeants pour les riverains. "J'en ai plusieurs à quelques mètres seulement des fenêtres. Leur bruit est parfois assourdissant ! On n'en peut plus" se désole une habitante d'un immeuble situé juste à côté des arbres, sous couvert d'anonymat.
"Aujourd'hui, il nous faut trouver des solutions alternatives à l'effarouchement classique" reconnaît Marie-Françoise Hamard, conseillère municipale déléguée aux animaux en ville. "Ces animaux provoquent du bruit, leurs déjections sont également sources de nuisances... Mais en même temps, il nous faut trouver des solutions éthiques à ce problème" avoue l'élue.
Pour la première fois en France, une expérience a démarré pour non pas seulement effaroucher les volatiles, mais les "aiguiller" vers un autre site de nidification éloigné de toute présence humaine.
Des cris "d'effarouchement" vs. des cris "d'accueil"
Le travail de recherche mené par Valérie Dufour est spécialement adaptée à ces corbeaux, "des animaux intelligents" selon la scientifique qui est la seule en France à travailler sur ces corvidés et leur perception cognitive.
Concrètement, pour les éloigner de la zone d'habitation, des sons tels des battements d'ailes ou des cris de prédateurs sont diffusés en début de journée, à un horaire bien précis, grâce à un haut-parleur. Quelques centaines de mètres plus loin, non loin des champs, la scène se reproduit un peu plus tard, mais avec la diffusion cette fois de cris "positifs", afin d'accueillir les animaux. "Ces cris signifient +je suis là, nourris-moi !+" mime Valérie Dufour.
#reportageDKL La ville de @strasbourg expérimente avec une chercheuse du #cnrs une nouvelle méthode d’effarouchement des corbeaux freux, grâce à des sons de répulsion puis d’attirance. Explications dans le journal de #18hDKL avec le reportage de @maurerpier pic.twitter.com/b6lbiGyP3W
— DKL Dreyeckland (@dkldreyeckland) February 22, 2022
Pour l'heure, l'expérience vient de débuter et aucune garantie n'est apportée sur la réussite de ce dispositif. Il faudra attendre le mois d'avril pour avoir une première tendance, selon la scientifique.
Leur présence dans les villes, et particulièrement en Alsace, est liée à la culture du maïs, très répandue en pays rhénan. Les alignements d'arbres, que l'on retrouve très souvent le long des rues et avenues, sont également un facteur d'attraction pour les corvidés.
Le quartier de Cronenbourg n'est pas le seul à bénéficier du dispositif expérimental. D'autres sites comme le parc du Contades et le quartier de l'Elsau seront également concernés par ce test. A Sélestat et Mulhouse également des campagnes seront prochainement lancées.
Valérie Dufour (chercheuse au CNRS), Marie-Françoise Hamard (conseillère municipale déléguée aux animaux en ville) et Guillaume Libsig (élu référent du quartier Cronenbourg) présentent le site choisi et le dispositif d'effarouchement mis en place.