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Une étude révèle que les bébés possèdent plus de souvenirs qu'on ne le pense

Publié : 20 mars 2025 à 6h00 - Modifié : 25 mars 2025 à 13h42
Mandy Vereecken

Bébés

L’amnésie infantile, qui désigne l’incapacité des êtres humains à se souvenir de leurs premières années de vie, pourrait ne pas être aussi définitive qu’on le pense. Une étude publiée le 20 mars suggère que les bébés forment bel et bien des souvenirs, même si ceux-ci deviennent difficilement accessibles avec le temps.

Nick Turk-Browne, professeur de psychologie à Yale et auteur principal de l’étude, s’interroge sur cette zone d’ombre dans notre mémoire. Alors que Freud attribuait cette amnésie à un mécanisme de refoulement, les théories modernes pointent plutôt du doigt l’hippocampe, région du cerveau essentielle à la mémoire épisodique, qui n’est pas totalement développée dans la petite enfance.

Des recherches comportementales avaient déjà montré que les bébés reconnaissent des objets familiers en les fixant plus longtemps. De plus, des expériences sur les rats ont révélé que les engrammes – groupes de cellules stockant les souvenirs – se forment dès le plus jeune âge, mais deviennent inaccessibles avec le temps.

Jusqu’ici, étudier le cerveau des bébés via l’IRMf était compliqué, car ils bougent trop. Pour contourner ce problème, l’équipe de Nick Turk-Browne a mis en place diverses stratégies, comme l’utilisation de tétines, de peluches ou encore de motifs colorés pour capter leur attention. L’expérience a impliqué 26 bébés, divisés en deux groupes : l’un de moins d’un an et l’autre de plus d’un an.

Les résultats montrent que l’hippocampe s’active dès 12 mois pour encoder des souvenirs, un phénomène observé chez 11 des 13 enfants de plus d’un an, mais absent chez les plus jeunes. De plus, ceux ayant une meilleure capacité de mémorisation présentaient une activité hippocampique plus intense.

Reste à comprendre pourquoi ces souvenirs disparaissent. Sont-ils mal consolidés dans la mémoire à long terme ou simplement inaccessibles ? Nick Turk-Browne privilégie la seconde hypothèse et mène une nouvelle étude pour évaluer la persistance de ces souvenirs. Les premiers résultats suggèrent que la mémoire des bébés subsiste jusqu’à environ trois ans avant de s’effacer progressivement.