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Une qualité de l’air relativement stable, avec une exposition plus marquée à la pollution dans les villes alsaciennes

Publié : 1er avril 2025 à 6h00 - Modifié : 1er avril 2025 à 14h55
Mandy Vereecken

Pollution

Atmo Grand Est a présenté ce lundi à Schiltigheim son bilan annuel sur la qualité de l’air. Selon l’association en charge de la surveillance de la pollution atmosphérique, les mesures effectuées tout au long de l’année dernière par ses 74 stations fixes et 14 stations mobiles révèlent une qualité de l’air « globalement stable par rapport à 2023 ». Une évolution qui, d’après le directeur général Étienne Koszul, confirme l’amélioration notable observée il y a deux ans et la tendance positive constatée sur le long terme.

Dans l’ensemble de la région, plus de 80 % des journées ont affiché un indice de qualité de l’air moyen ou bon, la majorité appartenant à la catégorie « moyenne ». Cette situation s’explique en partie par des conditions météorologiques favorables ayant limité les pics de pollution, notamment une diminution de la pollution à l’ozone grâce à un été plus frais et pluvieux, comme l’indique Cyril Pallarès, directeur technique d’Atmo Grand Est.

Cependant, certaines zones connaissent encore des niveaux de pollution préoccupants. En Alsace, cinq villes se distinguent par un nombre élevé de journées où la qualité de l’air est jugée mauvaise ou dégradée : Strasbourg (102 jours), Saint-Louis (91), Mulhouse (90), Haguenau (95) et Colmar (85). À titre de comparaison, d’autres communes comme Bar-le-Duc, Châlons-en-Champagne, Charleville-Mézières, Metz, Saint-Dizier et Troyes enregistrent entre 30 et 45 jours de mauvaise qualité de l’air sur l’année.

Concernant le dioxyde d’azote (NO₂), un polluant principalement issu du trafic routier, des progrès sont à noter, notamment à proximité des grands axes. L’Eurométropole de Strasbourg, grâce à sa Zone à Faibles Émissions (ZFE), a accéléré le renouvellement et la décarbonation du parc automobile, contribuant ainsi à une baisse des concentrations. Toutefois, plusieurs zones restent au-dessus du seuil de 20 µg/m³ fixé par l’Union européenne pour 2030. En prenant en compte la recommandation plus stricte de l’OMS (10 µg/m³), la moitié des stations de mesure ont enregistré des dépassements l’an dernier.

Les particules fines PM 2,5, issues du chauffage au bois, du trafic routier et des chantiers, restent la principale source d’inquiétude en raison de leur impact sur la santé respiratoire et cardiovasculaire. Elles dépassent largement les recommandations de l’OMS sur presque toute la région. Seule une station, située sur les hauteurs des Vosges, éloignée de toute activité humaine, respecte ces seuils.

En revanche, pour les particules fines PM 10, émises par les habitations, l’industrie et l’agriculture, la situation est plus encourageante : 30 des 36 stations de surveillance respectent les normes de l’OMS. Les six stations en dépassement sont situées à proximité d’axes routiers ou de zones industrielles.

Trois épisodes de pollution ont été relevés en 2023. En janvier, une pollution hivernale aux particules PM 10 a entraîné trois jours d’alerte dans le Haut-Rhin. En juin, un épisode de pollution à l’ozone causé par la chaleur a conduit à deux jours d’alerte en Alsace, suivi d’un autre, plus court, le 30 août.

Face à ces constats, Jean-François Husson, sénateur de Meurthe-et-Moselle et président d’Atmo Grand Est, souligne l’urgence d’agir collectivement pour réduire les principales sources de pollution : circulation automobile, chauffage au bois, agriculture et industrie. Les territoires devront intensifier leurs efforts, d’autant que la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air, adoptée l’an dernier, prévoit de diviser par deux certains seuils réglementaires d’ici 2030. « Pour y parvenir, il faudra que la réduction des polluants s’accélère par rapport à la tendance observée ces deux dernières années », alerte la direction d’Atmo Grand Est.